Epicure. L’instinct de l’instant.

Chanter si c’est chanter.
Ouvrir un paquet de chips et le dévorer. Ou juste une seule finalement.
Imaginer un grand projet. Passer des mois à tout préparer. Et laisser tomber pour succomber à une vague d’amour qui balaie les châteaux de sable en un instant ou tout doucement vient caresser les grains mouillés un à un, s’en va et revient, doucement persévérante, dans une infinie patience.

Quitter l’océan pour ses chaussures de randonnée. Attaquer le sommet et s’arrêter sur le sentier. Ouvrir sa bouteille de vin blanc, creuser la neige éternelle pour le rafraîchir, le déguster lentement dans un verre ballon. Trinquer avec le rocher.
T’envoyer une belle pensée dansée. Et à toi une autre tout en couleur. Bleue, verte, transparente, chaude, bruissante et ravissante, ondulante et fracassante. Épicée.
Et choisir de dormir. S’allonger sur les cailloux, en travers du chemin. Barrer la route à la fourmilière et sentir le gazouillis de leurs pattes explorant les replis des rides de son cou.
Fredonner avec le rossignol. À contretemps et retrouver le tempo de sa mélodie.
Flirter avec le renard. Cueillir la mure et en barbouiller ses lèvres. Délaisser le cèpe, tâcher son pantalon du sang de la chute.
Hurler de joie. Remercier sa solitude. Se taire. Longtemps. Pleurer. Et laisser tomber la nuit. Grelotter. Rassembler des brindilles. Les faire flamber. Brûler les idées mortes avec leurs feuilles. Se réchauffer des cendres. S’envoler dans le vent heureux de cette liberté. Jusqu’au sommet. Descendre plus vite que ses jambes. T’embrasser. Et toi et puis toi aussi. Se prendre dans nos bras. Te serrer sans étouffer. Garder ta main dans la mienne. Rentrer dans la ville éclairée. Retrouver la foule. L’humanité et son contraire. Tenter l’important maintenant. Laisser passer le moment. Rêver.
Et chanter.
Ce qui est là aujourd’hui sera différent demain. À prendre ou à perdre.